007musicaccueilCinq scènes musicales pour 007.

Mourir peut attendre, le vingt-cinquième James Bond, devait sortir ce 11 novembre avant d'être à nouveau repoussé pour cause de pandémie. Histoire de patienter jusqu'à l'année prochaine, nous avons choisi de nous pencher sur l'un des points forts de la série : la musique ! Si tout le monde connaît les génériques des films, nous nous concentrerons ici sur quelques moments de la saga où la bande originale joue un rôle prépondérant. De John Barry, le « maître » qui a mis en place tous les codes de la musique bondienne, à Thomas Newman, et en attendant Hans Zimmer (pour le meilleur ou ...le pire ?), voici une sélection toute personnelle qui démontre que la musique, chez 007, ce n'est pas qu'une voix féminine hurlant sur fond de cordes sirupeuses...

James Bond fait des photocopies - Au Service secret de Sa Majesté (1969) – musique de John Barry

Voici une longue séquence où notre cher 007 pratique son métier d’espion dans ce qu’il a de plus banal : profiter de la pause-déjeuner d’un avocat pour faire une copie de documents confidentiels. Si, pour le spectateur de 1969, une photocopieuse était une machine plus étrange qu’aujourd’hui, il n’en reste pas moins que si l’on regarde bien la scène, James Bond n’y fait rien (à part voler un magazine coquin). Comment alors créer de toutes pièces le suspense ? Grâce au montage, qui dilate le temps en intercalant des plans extérieurs à la scène, et à la musique, dans laquelle John Barry utilise l’ostinato et un synthétiseur Moog pour égrener les secondes et faire monter une tension… inexistante. 

 

Une nuit à l’opéra – Quantum of Solace (2006) – musique de David Arnold

Presque un équivalent « cinéma d’action moderne » de la scène précédente, puisqu’une fois encore Bond a un rôle plutôt passif, observant l’arrivée des spectateurs à une représentation de la Tosca pour trouver un moyen d’infiltrer l’organisation Quantum. La durée des plans est considérablement réduite par rapport à 1969, suggérant l’animation qui règne dans le lieu, et c’est la musique –présente cette fois-ci pendant toute la séquence - et son côté lancinant qui transmet le mystère et unifie l'action. Autre mystère : la ressemblance frappante entre ce titre et le « Old Souls » de Hans Zimmer sur la B.O. d'Inception, sorti deux ans plus tard...

 

Le petit chaperon blanc - Moonraker (1979) – musique de John Barry

A partir du milieu des années 70, la musique de John Barry évolue, prenant une dimension symphonique de plus en plus affirmée. La bande originale de Moonraker – enregistrée au Studio Davout à Paris - en est une illustration, abandonnant les influences jazz qui caractérisaient les premiers films. Dans cette scène, sans doute l’une des plus cruelles de la série, la malheureuse Corinne Dufour (punie pour avoir trahi son employeur en aidant Bond) est poursuivie par une meute de chiens affamés à travers bois. La lumière, la robe blanche de l’actrice, la forêt rendent la scène presque onirique, et Barry choisit de renforcer son aspect tragique à travers sa mélodie, atténuant ainsi sa violence.

 

King of the bongo – Opération Tonnerre (1965) – musique de John Barry

Même situation, autre approche : voici une autre scène où une Bond Girl se fait tuer par la faute de 007. L’accent est mis ici sur le suspense, puisque c’est notre agent secret préféré qui est en danger. Bond, blessé, cherche à fuir ses poursuivants en plein carnaval, mais se retrouve coincé par la belle Fiona Volpe qui le force à danser avec lui pour qu’il soit abattu par ses sbires. John Barry utilise un arrangement avec bongos d’un des thèmes du film (« Mr. Kiss Kiss Bang Bang »), d’abord de façon diégétique comme musique de danse. Puis, quand la tension monte, la musique devient extradiégétique (c’est-à-dire que les personnages du film ne l’entendent plus), avec des cuivres qui vont crescendo jusqu’au moment crucial où le coup de feu retentit… Tiré d’affaire, Bond en profite pour nous gratifier d’une de ses spécialités, les blagues au goût plus que douteux : déposant le corps de Volpe sur une chaise, il déclare « Ça vous dérange si mon amie se repose un peu ? Elle est crevée... ». Sacré James.

 

La boucle est bouclée – Skyfall (2012) – musique de Monty Norman, arrangements de John Barry, David Arnold & Thomas Newman

Skyfall est le film du cinquantenaire de James Bond au cinéma, et contient de nombreuses références (plus au moins obscures) à la saga. Par exemple, l'extérieur de la maison de M est le 82 Cadogan Square, qui n'était autre que le domicile londonien de John Barry, décédé quelques mois avant le tournage. Autre hommage à la musique, cette scène où Bond et M, en fuite, changent de véhicule pour éviter d'être repérés ; on comprend alors que Bond cache la fameuse Aston Martin DB-5 de Goldfinger (et son siège éjectable) dans un garage. Pour accompagner cette révélation, quelle autre musique qu'un arrangement « classique » du « James Bond Theme », l'un des plus célèbres de l'histoire du cinéma ? Alors que, musicalement, la période Daniel Craig avait choisi de s'éloigner un peu des codes (en plaçant par exemple le gunbarrel à la fin des films et en réduisant l'utilisation du « Bond Theme »), la franchise offre cette fois-ci un pur moment de nostalgie aux fans. Ce n'est pas un hasard si Bond répond à M qui lui demande où ils vont : « Dans le passé ».