Il était une fois, au cœur de l’hiver slave…

Trilogie d’une nuit d’hiver – Katherine Arden –Gallimard- 2020-2021

Katherine Arden est une jeune écrivaine américaine. Elle a étudié la langue russe, et c’est au retour d’un séjour de deux ans à Moscou qu’elle commence l’écriture de la Trilogie d’une nuit d’hiver.
Elle installe son histoire en Rus’, autour de 1380. La Rus’ est la plus ancienne entité politique commune à l’histoire des trois états slaves orientaux modernes: la Biélorussie, la Russie et l’Ukraine. Novgorod en est la capitale, Moscou une grande ville de province. A l’époque, le Christianisme prend le dessus sur le folklore païen : les croyances, le culte des ancêtres et des esprits sont chassés du quotidien des habitants. Ces rites sont même considérés comme l’œuvre du Diable.

C’est dans ce contexte que nous allons découvrir Vassia, une jeune fille issue de la famille d’un chef de village reculé. Elle est capable de voir les esprits qui vivent autour d’elle. Elle se rend compte qu’en abandonnant les cultes païens pour Dieu, les Russes participent à la disparition des esprits. Pourtant, ces derniers vont se révéler très utiles dans le maintien de la paix en Rus’. Tout au long de cette trilogie, nous allons croiser entre autres, des domovoï (esprits bienveillants, protecteurs de la maison), des lechii (esprits de la forêt), des roussalka (créatures vivant dans les rivières, les lacs et les étangs), Morosko (Dieu de l’hiver) ou Baba Yaga (sorcière vivant dans la forêt). Chacun a un rôle dans le parcours de Vassia, la seule à comprendre l’importance d’une cohabitation entre les esprits païens et Dieu.
La jeune fille va se retrouver tiraillée entre la loyauté familiale et son désir de liberté qui la met au ban de la société. Sa connexion avec le monde des esprits la rendra plus mature, mais elle devra affronter ses plus grandes peurs et se montrer à la hauteur de son pouvoir pour mener à bien son destin.

Une réelle aventure épique, une quête d’identité, un hymne à la différence, un hommage à la nature et à ses créatures. Une première trilogie réussie.

Laurène

Pour aller plus loin :

Pour réserver la trilogie : L'ours et le rossignol ; La fille dans la tour ; L'hiver de la sorcière

La Mythologie slave : mythes et légendes d’Europe de l’Est

 « Elle était agenouillée dans une forêt éclairée par les étoiles. Le monde était noir et blanc, très paisible. Un oiseau brun voletait dans la neige, juste hors de portée. Une silhouette aux cheveux noirs et à la peau aussi pâle que l’os était accroupie à côté de la petite créature et lui tendait une main en creux.
Elle connaissait cette main, connaissait cet endroit. Elle crut même pouvoir discerner des sentiments derrière l’immémoriale indifférence qu’exprimaient les yeux du dieu de la Mort. Mais il regardait l’oiseau et pas elle, alors elle n’en était pas certaine. Il était plus mystérieux et plus lointain que jamais, concentré tout entier sur le rossignol dans les neiges. »