aussi riche roi 2 accueil"Un conte cruel"

 Aussi riche que le roi – Abigail Assor – Gallimard – 2021

 

Sarah, lycéenne marocaine d’origine française, vit à l’orée des bidonvilles à Casablanca. Elle rêve de s’affranchir de sa misérable condition et de s’éloigner du chemin chaotique dans lequel sa mère l’entraine inexorablement. Vénale, elle est persuadée que l’argent constitue un tremplin infaillible pour son émancipation et son ascension sociale. Dotée d’une beauté à couper le souffle, l’adolescente utilise ses charmes pour approcher et conquérir Driss, cador des quartiers huppés au physique repoussant, mais réputé pour être « aussi riche que le roi ». Elle s’imagine comme une souveraine, régnant dans une villa somptueuse, exhibant ses plus belles parures et servie par des domestiques. Si les amis de Sarah s’habituent à ce couple improbable, les autorités, la religion et le joug du père se dressent tels des remparts contre leur liberté.

 

Abigail Assor aborde avec finesse les strates de la société marocaine à l’aube du nouveau millénaire. Elle met en exergue la domination exercée par une hiérarchie inébranlable sur des adolescents en soif de liberté et d’émancipation. Sa plume contrastée révèle les pigments chatoyants des beaux quartiers, mais aussi les zones d’ombre des bidonvilles. Chaque personnage illustre de façon très juste et touchante la multiplicité des facettes de cette société.

Florence

 

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« Il y avait l’odeur des brochettes, les gars des tables Coca-Cola qui la sifflaient : t’es belle petite, le bruit sur le terrain d’en face avec les chants du Raja, l’équipe de foot de Casa ; il y avait le vent frais de janvier, le tintement des canettes qui s’entrechoquaient, les insultes, les crachats ; il y avait Driss, là, sur le côté. Elle le voyait, géant sur ses jambes courtes, une main tranquille sur l’épaule du flic, et l’autre fouillant sa poche pour lui glisser un petit billet de cent, sa bouche lançant quelques blagues entendues, un clin d’œil de temps en temps ; et le flic en face souriait, attrapait le billet, donnait à Driss une tape dans le dos, allez, prends une merguez, Sidi, ça me fait plaisir. Driss, le géant au milieu des pauvres, Driss le géant qu’elle venait d’embrasser, pensait Sarah ; avec son fric, il n’y aurait plus jamais de flic, plus jamais de lois – ce serait eux deux, la loi. »