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Marcel Chabrol n'est plus

Marcel Chabrol, grande figure de la bibliothèque Valery-Larbaud de 1966 à 1999, nous a quittés le 3 novembre dernier. En 2016, il avait bien voulu se prêter au jeu de l’interview, en présence des deux dernières relieuses, Madeleine You et Sylvie Becouze, actuelle responsable de l’atelier de reliure de la médiathèque, occasion de retracer son parcours et l’histoire de cet atelier.

Né en 1939, à Vichy, rue de l’Imprimerie – ça ne s’invente pas ! – Marcel Chabrol avait suivi sa  scolarité au collège Saint-Dominique, avant d’entrer en apprentissage, en 1954, à l’imprimerie Wallon. Son père et son frère y travaillaient également, ce qui lui faisait dire qu’à eux trois, ils avaient fait un siècle dans cette institution vichyssoise. Il s’occupait alors essentiellement du brochage et cette première expérience lui permit d’obtenir son CAP de relieur industriel en 1957. En 1968, c’est à la Bibliothèque Saint-Jean de Lyon (devenue Bibliothèque de la Part-Dieu) qu’il partit se perfectionner en restauration et reliure d’art, opportunité de découvrir un fonds ancien exceptionnel. Il se forma ensuite à la dorure, technique délicate qu’il maîtrisait à la perfection.

 Le 1er janvier 1966, Louis Giron, qui lui avait confié des ouvrages de sa bibliothèque personnelle, lui proposa de vLa_Montagne_1968-06-09.jpgenir travailler pour la Ville. En effet, quelques années plus tôt, l’ouverture d’une nouvelle bibliothèque dans l’immeuble de l’ancien Petit Casino (actuel Centre culturel) s’était accompagnée de la création d’un atelier de reliure : situé dans les caves, donc privé de lumière naturelle, il n’était muni que d’un outillage des plus sommaires et c’est une bibliothécaire, Georgette Chadefaux, qui faisait office de relieuse à temps partiel. Cette situation ne pouvait durer et en 1967, l’atelier fut installé dans la salle à manger d’un ancien hôtel voisin de l’école Fernand Lafaye, rue Neuve.

 

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Progressivement, l’atelier fut équipé de tout le matériel nécessaire, souvent acheté d’occasion. Initialement, M. Chabrol était obligé d’aller massicoter les ouvrages dans une imprimerie cussétoise car le premier massicot qu’il s’était vu attribuer au Centre culturel était trop volumineux pour être transporté dans les nouveaux locaux ! Plus tard, l’atelier hérita  de la très belle collection de fers à dorer de M. Dussap, relieur clermontois qui prenait sa retraite, toujours pieusement conservée à l’atelier aujourd’hui. La construction de l’actuelle médiathèque, en 1985, permit enfin l’aménagement, en son sein même, d’un vaste atelier largement éclairé à la lumière naturelle et où il veilla lui-même à la disposition d’un éclairage artificiel efficace.

 

Marcel Chabrol fit la majeure partie de sa carrière sous la direction de Monique Kuntz, nommée six mois après lui à la direction de la bibliothèque. Il y était chargé de la reliure des livres mais aussi des registres d’état civil. Il consacra également une partie de son temps à la formation, d’abord auprès de collègues clermontois, dans la perspective de la création d’un atelier de reliure pour la bibliothèque de Clermont-Ferrand qui n’existait pas encore ; puis à Vichy, où il accueillit  Annick Ranvier, passée par l’atelier de reliure du Centre culturel, qui s’installa, quelques années plus tard, comme relieuse indépendante. Ce fut ensuite au tour de Michèle Giron, qui avait suivi le même parcours, de se perfectionner à l’atelier de la médiathèque, notamment dans le domaine de la restauration de papier, et enfin de Madeleine You, initialement bibliothécaire, à qui il transmit son savoir-faire.

 

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IMG_3945.jpgProgressivement, son activité se concentra pour l’essentiel sur la reliure et la restauration des ouvrages des fonds patrimoniaux, confiés alors par Isabelle Minard, et en particulier de ceux de la bibliothèque de Valery Larbaud. Il a par ailleurs laissé son nom à un modèle (non breveté !) qu’il avait lui-même mis au point, la « pochette Chabrol » : il s’agit d’un étui à coins, conçu pour protéger les documents fins que l’on souhaite conserver sans modifier leur aspect. Ainsi, protégés pour la manipulation et le stockage, ces documents, sortis de leur étui, retrouvent leur état initial, lors d’expositions, par exemple.

 

  

 

 

 

Passionné de pêche, il était aussi un collègue attentionné et plein d’humour qui aura marqué plusieurs générations de relieurs et de bibliothécaires.

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