Une odyssée dans une contrée façonnée par les vents
La horde du Contrevent - Alain Damasio – Gallimard - 2007
Après avoir reçu le grand prix de l’imaginaire en 2009, Alain Damasio n’a cessé de nous présenter des textes plus marquants les uns que les autres. Revenons, le temps d’une chronique, à la pépite qui lui a valu cette distinction et qui a marqué vos bibliothécaires…
Depuis leur enfance, les vingt-trois membres de la Horde du Contrevent ont été formés pour assumer leur rôle au sein du groupe. Géomètre, pilier, feuleuse ou troubadour, leur but est le même : rejoindre l’Extrême-Amont. Cet Eden auquel ils aspirent serait la source du vent qui souffle incessamment sur leur monde, le façonnant dans toute sa cruauté et sa beauté.
Ces êtres aux caractères très différents, parfois même conflictuels, entament ainsi leur quête mais seront-ils en mesure de réussir ? Après tout, il ne s’agit pas de la toute première Horde…bien que cela puisse être la dernière.
Voici un ouvrage à l’image du vent que l’on retrouve à l’intérieur : très rude au départ, que l’on subit presque, difficile à comprendre, et pourtant intriguant puis de plus en plus fascinant, au fur et à mesure que l’on avance dans le récit, avec de précieuses réflexions et des touches de poésie. Peu importe les originalités typographiques ou les nouveaux termes pouvant poser question, on finit par ne plus pouvoir se décrocher de cette histoire !
Même l’écriture assez surprenante passant rapidement du point de vue d’un personnage à celui d’un autre (ce qui n’est pas sans nous perdre un peu durant les premières pages), s’avère être prenante et nous permet de nous attacher aux différents membres de cette expédition. On découvre leur quête, leurs idéaux, leur personnalité unique (voire parfois dérangeante pour certains) mais surtout, on les perçoit dans toute leur humanité.
Puis on tourne la dernière page, et on se retrouve avec une impression de vide, comme au retour d’un tumultueux mais passionnant voyage.
Heïdi
Pour aller plus loin :
Interview d'Alain Damasio : canaliser sa colère dans l'écriture (La Horde du Contrevent, Les Furtifs)
Pour réserver le livre : http://mediatheques.vichy-communaute.fr/detail-d-une-notice/notice/945533663
Extrait
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Nous prenons chaque saison davantage la couleur de ce qui nous traverse. Nous récoltons les criblures des moissons mal broyées, la poussière des murs délités, des chemins qui s’effacent. Nous essuyons les pluies qui ne tombent plus, mais coulent, comme si l’horizon se vidait de ses larmes sur nos joues. Le vent nous réveille, nous excite, nous calme, nous berce et nous lave. Il se pose sur nos fronts comme une main leste, il nous gifle et nous saigne, il nous cajole et il nous soigne.