Sieste musicale #3 Cordes sensibles, une sieste autour du monde

Fil d'ariane

sieste2accueilCet été, nos oreilles se la coulent douce...

 

 

 

 

« Is it not strange that sheeps’ guts should hale souls out of men’s bodies ? » (n’est-il pas étrange que des boyaux de mouton puissent ainsi extraire l’âme du corps humain ?)

Shakespeare, Much ado about nothing (act 2 scene 3)

« Comme un chanteur qui sait manier la cithare tend aisément la corde neuve sur la clef et fixe à chaque bout le boyau bien torsadé, Ulysse alors tendit sans effort le grand arc, puis sa main droite prit et fit vibrer la corde qui chanta bel et clair, comme un cri d’hirondelle »

Homère, Odyssée (chant XXI)

Elles sont en boyau, donc, mais aussi en soie, en fibres végétales torsadées, en acier, en nylon, parfois filées de cuivre ou de bronze. On les effleure avec la pulpe du doigt, on les pince avec l’ongle ou une plume d’aigle recourbée, on les gratte avec un plectre de corne, on les frotte avec un archet de crin, on les frappe avec de petites mailloches recouvertes de feutre, parfois même elles entrent en résonance par simple sympathie. Qu’on les touche, qu’elles vibrent, et leur chant s’élève.

Effectuant sur nos deux oreilles un petit tour du monde et des répertoires, nous aurons ainsi goûté les arpèges en cascades du théorbe et les variations improvisées à la kora des griots africains, les notes graves et robustes de la contrebasse et le groove du guembri marocain, la sonorité cristalline de la harpe baroque et le jeu vigoureux de la arpa jarocha du Mexique, le subtil glissement des doigts sur la touche du guqin des lettrés chinois et le mordant de la plume d’aigle sur les cordes du ‘ud arbi de Constantine, les accords brossés à la guitare baroque et les roulements du setar perse, la virtuosité brillante de la mandoline italienne et celle aux accents plus nostalgiques du bandolim brésilien, les volutes incisives de la vinâ du sud de l’Inde et le bourdon entêtant de la discrète langgeleik norvégienne, la ritournelle du rubâb afghan auquel répond (en rythme) le chant des canaris et, au Mali, la mélodie solitaire de la guitare tout juste accompagnée par les stridulations nocturnes des criquets, enfin les entrelacs électriques tissés par deux guitaristes de jazz.

La playlist ci-dessous donne un aperçu (représentatif mais incomplet) de notre voyage musical de ce samedi après-midi dans les parcs, à l'ombre des arbres...