Un conseil de lecture#49

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Un hommage à l'Algérie

 

 

Au vent mauvais - Kaouthar Adimi - Seuil, 2022

Leïla, Tarek et Saïd grandissent ensemble dans un village de l’est de l’Algérie, au début des années 1920.

Tarek est un berger timide et discret, sans éducation et sans père. Saïd, son frère de lait, issu d’une famille plus aisée, aura la possibilité de poursuivre ses études à l’étranger. Tous deux sont secrètement amoureux de Leïla. Mais la jeune fille est bientôt mariée, contre son gré, à un vieil homme.

La Seconde Guerre mondiale arrive. Les deux jeunes garçons sont raflés et enrôlés dans des régiments indigènes pour se battre contre l’Allemagne nazie. Pourtant vainqueurs aux côtés des Alliés, ils subissent tout de même l’humiliation, le racisme des Français de métropole avant d’être

Dès son retour, Tarek rentre au village et épouse Leïla désormais séparé de son vieux mari malgré la réprobation générale. Tarek adopte le fils de Leila et trois filles suivront. Mais bientôt il fuit son village, rallie le FLN et se jette dans la lutte pour l’indépendance, côtoyant notamment Germaine Tillion venue soutenir les rebelles.

 Lorsque les accords d’Evian sont signés, Tarek ne profite pas longtemps de sa famille car l’émigration économique le chasse à nouveau de son village. Il part d’abord à Alger et participe au grand tournage du film La Bataille d’Alger de Gillo Pontecorvo. Puis il s’exile en région parisienne, travaillant dans une usine, logeant dans un foyer miteux de la Sonacotra (société créée pour accueillir les travailleurs migrants isolés) et envoyant des mandats à sa famille.

Leïla, elle, connaît la vie des femmes rurales de cette époque. Cantonnée dans l’éducation des enfants et les tâches ménagères, elle décide d’apprendre à lire et à écrire. Elle accepte cette vie, cependant un évènement va bouleverser sa vie.

En effet, Said, celui qu’elle croyait être son ami publie un roman, le premier en langue arabe. C’est un véritable évènement en Algérie. Et ce roman la met en scène, elle et Tarek. C’est son histoire que cet écrivain jette en pâture à ses lecteurs. Mais de quel droit s’autorise-t-il cela ?
Tarek doit revenir au plus vite d’autant plus que l’Algérie se dirige bientôt vers une terrible et meurtrière guerre civile.

 Au vent mauvais fait partie des livres qui vous apprennent l’Histoire avec un grand H par le biais d’une belle histoire romanesque. En seulement 260 pages, Kaouthar Adimi, dont on avait aimé les romans précédents, déroule sous nos yeux l’Algérie des années 20 aux années 90. L’histoire de Tarek et Leila est celle de milliers d’Algériens de cette génération qui aura connu les guerres, le chômage, les séparations forcées, l’exil économique, le racisme mais aussi la montée de l’islamisme.
Mais Kaouthar Adimi aborde aussi le sujet très actuel du droit du romancier à s’emparer de la vie de quelqu’un pour la coucher sur le papier sans se préoccuper des conséquences.

Un très beau livre  qui a reçu le prix du Roman des étudiants France Culture-Télérama 

Martine

Pour aller plus loin : 

Pour réserver le document : Cliquez ici

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Un hommage à l'Algérie

 

 

Au vent mauvais - Kaouthar Adimi - Seuil, 2022

Leïla, Tarek et Saïd grandissent ensemble dans un village de l’est de l’Algérie, au début des années 1920.

Tarek est un berger timide et discret, sans éducation et sans père. Saïd, son frère de lait, issu d’une famille plus aisée, aura la possibilité de poursuivre ses études à l’étranger. Tous deux sont secrètement amoureux de Leïla. Mais la jeune fille est bientôt mariée, contre son gré, à un vieil homme.

La Seconde Guerre mondiale arrive. Les deux jeunes garçons sont raflés et enrôlés dans des régiments indigènes pour se battre contre l’Allemagne nazie. Pourtant vainqueurs aux côtés des Alliés, ils subissent tout de même l’humiliation, le racisme des Français de métropole avant d’être

Dès son retour, Tarek rentre au village et épouse Leïla désormais séparé de son vieux mari malgré la réprobation générale. Tarek adopte le fils de Leila et trois filles suivront. Mais bientôt il fuit son village, rallie le FLN et se jette dans la lutte pour l’indépendance, côtoyant notamment Germaine Tillion venue soutenir les rebelles.

 Lorsque les accords d’Evian sont signés, Tarek ne profite pas longtemps de sa famille car l’émigration économique le chasse à nouveau de son village. Il part d’abord à Alger et participe au grand tournage du film La Bataille d’Alger de Gillo Pontecorvo. Puis il s’exile en région parisienne, travaillant dans une usine, logeant dans un foyer miteux de la Sonacotra (société créée pour accueillir les travailleurs migrants isolés) et envoyant des mandats à sa famille.

Leïla, elle, connaît la vie des femmes rurales de cette époque. Cantonnée dans l’éducation des enfants et les tâches ménagères, elle décide d’apprendre à lire et à écrire. Elle accepte cette vie, cependant un évènement va bouleverser sa vie.

En effet, Said, celui qu’elle croyait être son ami publie un roman, le premier en langue arabe. C’est un véritable évènement en Algérie. Et ce roman la met en scène, elle et Tarek. C’est son histoire que cet écrivain jette en pâture à ses lecteurs. Mais de quel droit s’autorise-t-il cela ?
Tarek doit revenir au plus vite d’autant plus que l’Algérie se dirige bientôt vers une terrible et meurtrière guerre civile.

 Au vent mauvais fait partie des livres qui vous apprennent l’Histoire avec un grand H par le biais d’une belle histoire romanesque. En seulement 260 pages, Kaouthar Adimi, dont on avait aimé les romans précédents, déroule sous nos yeux l’Algérie des années 20 aux années 90. L’histoire de Tarek et Leila est celle de milliers d’Algériens de cette génération qui aura connu les guerres, le chômage, les séparations forcées, l’exil économique, le racisme mais aussi la montée de l’islamisme.
Mais Kaouthar Adimi aborde aussi le sujet très actuel du droit du romancier à s’emparer de la vie de quelqu’un pour la coucher sur le papier sans se préoccuper des conséquences.

Un très beau livre  qui a reçu le prix du Roman des étudiants France Culture-Télérama 

Martine

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Extrait


Les mots m’ont toujours manqué. J’ai été nourri dans le silence. J’ai pleuré dans le silence. J’ai ri dans le silence. Qu’est-ce que les mots et à qui appartiennent-ils ? Tous les gens que je rencontrais étaient des hommes qui travaillaient pour les autres et qui ne voyaient jamais au-delà de l’effort. Le seul qui était différent était Saïd.
Les gens pensent que quand on fait la guerre et qu’on a survécu, c’est terminé. Moi, j’ai fait deux fois la guerre, deux fois je suis rentré chez moi mais je suis plein de poussière et je n’arrive pas à m’en débarrasser. Elle est entrée dans ma tête et dans mon cœur. C’est le vent mauvais qui l’apporte, cette fichue poussière qui jamais ne me lâche. Les gens disent : « Tu est fort, tu as fait la guerre » ou « C’est normal, tu as fait la guerre, il fallait la faire, mais c’est terminé .
Et personne ne songe aux nuits où l’on se réveille en sursaut, où l’on regarde sous le lit pour vérifier qu’il n’y a pas de bombe, où la peau se hérisse au moindre bruit.
Depuis ma naissance, c’est comme si un vent mauvais soufflait sur moi, m’emportait, me ballottait, me brusquait et jamais ne cessait de siffler à mon oreille, m’épuisant, m’empêchant de penser, trouver un refuge pour me reposer.