On se met à entendre des voix ?
« Aujourd'hui, chacun est contraint, sous peine d'être condamné par contumace pour lèse-respectabilité, d'exercer une profession lucrative, et d'y faire preuve d'un zèle proche de l'enthousiasme. La partie adverse se contente de vivre modestement, et préfère profiter du temps ainsi gagné pour observer les autres et prendre du bon temps (…). Cette prétendue oisiveté, qui ne consiste pas à ne rien faire, mais à faire beaucoup de choses qui échappent aux dogmes de la classe dominante, a tout autant voix au chapitre que le travail. » Robert Louis Stevenson
« Je suis affamé de liberté / et me saoûle à la paresse / (…) les arbres déambulent / et le soleil broute l’herbe » Clément Pansaers
Cessons donc là toute occupation, délaissons la course (la nage, le pédalage) aux records, abandonnons la compétition aux fortiches, les affaires aux affairistes, et filons plutôt dans les parcs piquer un petit somme - en chaise longue, en transat, couchés dans l’herbe, à l’ombre des arbres, alanguis par la chaleur de l’été mais (un peu) rafraîchis par le souffle léger de la brise.
L’ouïe tenue en éveil par de douces autant qu’étranges harmonies, et tout en laissant divaguer notre attention au gré de l’assoupissement, laissons-nous bercer par une sélection musicale qui fait la part belle aux voix. Chaudes ou claires, rauques ou nasillardes, graves ou aiguës, seules ou en chœur, elles viennent nous chatouiller le creux de l’oreille, tandis que roucoulades et vocalises, chuchotis et murmures nous entraînent dans un petit tour du monde et des répertoires. Une manière de feuilleter, distraitement, une sorte d’éclectique catalogue des techniques vocales.
Bref, c’est à une rêverie à la fois curieuse, mélomane et nonchalante que nous vous invitons – triple bannière sous laquelle nous ne pouvons qu’aspirer à ranger l’ensemble de notre existence.
Qu’est-ce qu’on écoute ?
- « Un coin merveilleux » : en ouverture, un appel au voyage avec la remarquable adaptation vocale du Stockholm sweetnin’ de Quincy Jones par Les Double Six (France)
- « Partire, partiro, partir bisogna » chant traditionnel italien par Sandro Mantovani
- « Ella y yo » chanson cubaine par la catalane Silvia Perez Cruz
- « Toms diner » la version originale, a cappella, du tube de Suzanne Vega (USA)
- « Leona sias » La Mal Coiffée (polyphonies occitanes du Minervois)
- « Romance a Cordoba » Pepe Marchena (Andalousie)
- « Extrait de l’épopée de Jangar » chant diphonique mongol par Baatar Odsüren
- « Sørg Aldri Du Min Pike » chanson traditionnelle de Norvège
- « A slash of blue » le jazz impressionniste de Susanne Abbuehl
- « Farvel » Lena Willemark (trad. Suède)
- « Per le strade » Quartetto Giovanna Marini (Italie)
- « Snoshti sedenki Kladohme » Trio Tzane (trio gréco-turco-bulgare)
- « Plañü niz » Benat Achiary (Pays basque)
- « Al lume delle stelle » madrigal de Claudio Monterverdi (Italie, 1619)
- « Dobar vecer » chœur d’hommes de Croatie
- « Hamd (introduction) » chant qawwali par Nusrat Fateh Ali Khan (Pakistan)
- « When the saints go marchin’ » Golden Gate Quartet
- « U plake mike » Albanie
- « Jod – leçon du mercredi saint » Marc-Antoine Charpentier (1680)
- « Introduction à Qui a puchele (Adam de la Halle) » Anne-Delafosse Quentin
- « Diarabi » Nahawa Doumbia & Lipitone (Mali)
- « Embonh anak » berceuse d’Indonésie
- Berceuse de Vanuatu
- « Báte vint de la Oradea » air de danse de Transylvanie (Roumanie)
- « Rannan Santerin Valssi » chanson finlandaise
- « An sean duine doite » chant gaélique et lilting (Irlande)
- Berceuse roucoulée d’une jeune fille Banda (Centrafrique)
- Échange rituel de salutations chantées akazehe par deux femmes (Burundi)
- Enregistrée dans l’intimité de la hutte, une berceuse fredonnée en duo (Pygmées de Centrafrique)
- Lamentation, chœur de femmes des Îles Salomon
- Jüüzli (yodel) à deux voix (Suisse)
- « Nana vènè » chœur féminin (Nouvelle-Calédonie)
- « Iko iko » The Dixie Cups (Nouvelle Orléans)
- « Fugue n°21 » J.S. Bach revu par les Swingle Singers
- « Siete voi » sextuor extrait de La Cenerentola de G. Rossini (1817)