Un conseil lecture ? #63

Un conseil de lecture ?

les soeurs mitford accueil L'aristocratie extravagante

Les sœurs Mitford

Je suis normale, ma femme est normale, mais mes filles sont toutes plus folles les unes que les autres s’amusait souvent à dire David Freeman-Mitford, deuxième baron Redesdale, à propos de sa nombreuse descendance.

Parmi cette fratrie de sept enfants, on ne compte qu’un seul garçon, Thomas, mort à la fin de la Seconde Guerre mondiale et que la postérité a oublié. Les sœurs Mitford, elles, continuent d’occuper le devant de la scène depuis plus d’un siècle grâce à leurs destins hors normes où la tragédie tutoie le romanesque.

Issues de la noblesse britannique, Nancy, Pamela, Diana, Unity, Jessica et Déborah naissent entre 1904 et 1920. En dépit d’une éducation stricte, telle qu’on en réserve aux jeunes filles de bonne famille à cette époque, les sœurs Mitford, dotées chacune d’une forte personnalité, font régulièrement la une des journaux qui se délectent de leurs frasques.

Nancy, l’aînée est une grande mondaine de l'entre-deux-guerres et reçoit dans son salon les beaux esprits de son temps. En mars 1946, elle vient s’installer en France pour être au plus près de son compagnon, Gaston Palewski, proche du général de Gaulle. Elle connaît la notoriété en publiant plusieurs romans dont « La poursuite de l’Amour » (1945) qui vient d’être adapté en feuilleton télévisé ainsi que des biographies comme « Madame de Pompadour » (1954).

Paméla, la seconde, est celle qui vécut l’existence la plus paisible, préférant la campagne aux mondanités londoniennes.

En revanche, le destin de la troisième, Diana, fut plus mouvementée. Après son divorce avec l’héritier Bryan Guinness, elle épouse le très controversé Sir Oswald Mosley, le chef des fascistes britanniques. Désirant servir les intérêts de son époux, elle se rend régulièrement dans les années 30 en Allemagne en compagnie de sa sœur Unity et devient une familière du cercle privé d’Hitler. Lors de la déclaration de guerre de l’Angleterre à l’Allemagne et sur une dénonciation de sa sœur Nancy (ce qu’elle ne saura jamais) elle est incarcérée avec son époux pendant trois ans dans les geôles britanniques. A partir des années 50, les Mosley partagent leur vie entre l’Irlande et la France, où Diana organise des fêtes somptueuses et se consacre à ses mémoires.

Unity, la quatrième n’est pas en reste. Elle est la première à se laisser séduire par les sirènes du nazisme. Elle convainc ses parents de l’envoyer en Allemagne sous prétexte de parfaire son éducation mais elle traque littéralement Hitler jusqu’à ce que celui-ci la remarque et l’introduise parmi ses intimes. Véritable groupie du dictateur, Unity rêve d’une alliance entre l’Allemagne et son pays. Hitler, lui la décrit comme un « modèle parfait de la femme aryenne » et n’hésite pas à s’exhiber avec elle, sachant que les journaux exposeront cette relation, loin d’être appréciée en Angleterre. Lorsque l’Angleterre déclare la guerre à l’Allemagne, Unity, désespérée, tente de se suicider et est rapatriée dans le plus grand secret, Hitler se chargeant des frais médicaux. Très diminuée, elle meurt dans la maison familiale en 1948.

Tout aussi engagée politiquement, la cinquième fille, Jessica choisit le parti communiste. Epouse d’un syndicaliste américain, elle s’engage dans la lutte pour les droits civiques des noirs et devient une journaliste d’investigation reconnue.

La dernière, Deborah se contentera d’être duchesse de Devonshire.

Les sœurs Mitford sont le sujet et les auteurs de nombreux livres, biographies, romans, et même romans policiers. Il y en a pour tous les goûts.