Eloge de la musique vivante.
La musique "in situ", c'est par exemple l'intimité du trio de Bill Evans au Village Vanguard, la clameur des prisonniers de San Quentin au récital de Johnny Cash, ou la vague ondulante des danseurs lors d'un DJ set endiablé. Soumise aux aléas matériels et aux humeurs du moment, la performance peut virer au cauchemar pour l'interprète (Maria Joao Pires se trompant de concerto), ouvrir un moment utopique en faisant momentanément tomber les barrières (festival de Wattstax) ou ressembler à un grand cirque militant (Bérurier Noir). Parfois, c'est l'Histoire qui s'invite au concert, lorsque le pouvoir de la jeune République islamique commence à montrer son vrai visage lors d'un récital donné par deux grands maîtres de la musique persane - quand ce n'est pas la politique qui use de la musique comme d'un outil promotionnel (festival Zaïre 74). Quel avenir pour la musique : une culture populaire à travers une pratique vernaculaire et conviviale (le trallalero de Ligurie) ou la consommation de masse (se divertir en assistant au Spectacle d'un Michael Jackson) ?