Un conseil de lecture#67

Fil d'ariane

97820704463390 1330453 accueilDe la science-fiction de circonstance

La guerre Olympique de Pierre Pelot


L’action se déroule en 2222. Lors de la douzième guerre olympique, le camp blanc composé de 26 pays occidentaux, affronte le camp rouge, qui rassemble 27 pays communistes de tous les continents.
Des sportifs surentrainés et dopés s’affrontent lors de douze épreuves où tous les coups sont permis. Les plus méritants accèdent au parcours des héros. A chaque défaite, dans le camp des vaincus, plusieurs condamnés meurent lorsque la mini-bombe intégrée dans leur cerveau s’active… Cet « ange gardien » les maintient dans un état de calme et les empêche de commettre des crimes.

Nous suivons le parcours de Pietro Coggio, boxeur, pugiliste et lanceur de hache français du camp blanc, de sa petite amie Virginia Morane et de deux condamnés (un dans chaque camp).
La récente victoire de Pietro en boxe a pour conséquence la mort de 250 000 condamnés dans le camp rouge. Compte tenu de son succès, il est sélectionné pour le parcours des héros.
Virginia Morane, épuisée par toutes les tensions liées aux épreuves, retourne au village olympique où elle doit recevoir la visite de journalistes de Télé France 3. A la place, deux journalistes de radio se présentent. Ils se révèlent être deux agents américains chargés de surveiller la jeune femme.


Dans le camp rouge, en Hongrie, Mager Cszorblovski assiste à l’épreuve de boxe sur écran géant dans la partie réservée aux condamnés. Cet ancien artiste comique se retrouve ici car il a tué sa femme. Fataliste, il attend l’issue du combat et tourne en dérision sa situation. Dans le camp blanc, Yanni Bog, condamné pour motif politique, se laisse filmer par Slim qui souhaite réaliser un documentaire. Il s’épanche et critique le système en place

 

Sébastien

 

 

Pierre Pelot est un auteur français né en 1945. On lui doit près de 200 ouvrages dans différents styles : science-fiction, fantastique, policier, jeunesse. Il a écrit notamment l’été en pente douce qui a été adapté au cinéma en 1987. Ce roman, écrit en 1980, aurait pu paraître daté récemment. Cette année-là, les jeux olympiques de Moscou avaient été boycottés par les Etats Unis en raison de l’invasion de l’Afghanistan par les Soviétiques, un an plus tôt. Mais, la guerre en Ukraine et ses relents de guerre froide, Ouest contre Est, remet cet ouvrage au goût du jour.
La guerre olympique est une dystopie qui nous propose un avenir utopique sombre. Le roman nous montre les dérives d’un système destructeur pour les sportifs et inhumain pour les condamnés. Les guerres olympiques sont censées maintenir une certaine paix, contrôler la démographie et maîtriser le chauvinisme des populations. Dans ce monde, les services de renseignement sont très actifs, car les sportifs et leurs proches peuvent être la cible d’attentat. Des chirurgiens opèrent clandestinement des condamnés et réussissent à enlever les mini bombes. Pour ce faire, ils doivent suivre un protocole fastidieux. Le sport est ici un moyen au service du pouvoir pour contrôler les masses. Nous sommes bien loin des valeurs olympiques actuelles : amitié, respect, excellence…

 

Extrait : 
Ils gagneraient, évidemment. Ils étaient moins nombreux que les autres, mais ils étaient plus forts, et doublement motivés. Les spectateurs seraient des millions devant leurs postes. Ils gagneraient. Cela ne faisait pas l’ombre d’un doute pour Coggio, ni pour aucun de ses compagnons. Ils étaient indestructibles, tous les medicopsy avaient fait les piqûres qu’il fallait, leur avaient inoculé, avec l’aide des dopemen, toutes les drogues adéquates. Jamais peut-être Pietro ne s’était senti aussi fort, et entier dans sa peau.
La guerre « conventionnelle » ne tue plus, n’efface plus, alors que parallèlement les progrès de la médecine repoussent les limites du vieillissement, grignotent les frontières de la mort, sauvent des vies, font monter la moyenne d’âge de l’existence jusqu’à quatre-vingt-cinq ans. […]
Les soldats sont désormais des champions. Mais l’équilibre démographique vacille. […] La guerre, même GUERRE OLYMPIQUE, même jeu de guerre, se nourrit de la mort et demande des victimes réelles, des perdants réels, des gagnants réels qui quittent les stades plus motivés que jamais. Elles seront vite trouvées les victimes possibles : elles remplissent les prisons et certains hôpitaux.

 

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