Un conseil de lecture ? #76

Fil d'ariane

Gaëlle Josse accueil"Que faut-il symboliquement déposer, abandonner pour poursuivre la route, sans rien oublier de ce qui a été ?"

 

 

 

Gaëlle Josse – De nos blessures un royaume – Buchet Chastel – 2025

Agnès est danseuse. Elle ne se relève pas du décès de Guillaume, son conjoint. Pour lui rendre un dernier hommage, elle décide d’effectuer un road-trip à travers l’Europe. Elle choisit le bus favorisant une introspection lente, propice au recueillement et à la contemplation culturelle et esthétique. Elle s’enivre des paysages du bord de mer et de la beauté des villes-étapes italiennes. Elle convoque les souvenirs et émotions ressenties, les cheminements géographiques, les réminiscences de leur vie à deux. Sa quête est nourrie par la relecture du livre de chevet de son aimé. Au terme de son périple, elle déposera l’ouvrage au « musée des relations rompues » à Zagreb avec l’espoir de se libérer d’une charge affective très forte.

 

Avis :

Dans un récit tiraillé entre nostalgie et espoir Gaëlle Josse nous offre sa vision des vertus de la littérature et de l’art : la contemplation esthétique comme exutoire pour retrouver la quiétude et reprendre le chemin. Avec une plume gracieuse et poétique, elle aborde la question du deuil et des étapes de reconstruction. A contre-courant des tendances actuelles, elle fait l’éloge de la lenteur et des détours étonnants qui jalonnent parfois notre existence et nous aident à retrouver de l’élan.

Florence

 

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Gaëlle Josse accueil"Que faut-il symboliquement déposer, abandonner pour poursuivre la route, sans rien oublier de ce qui a été ?"

 

 

 

Gaëlle Josse – De nos blessures un royaume – Buchet Chastel – 2025

Agnès est danseuse. Elle ne se relève pas du décès de Guillaume, son conjoint. Pour lui rendre un dernier hommage, elle décide d’effectuer un road-trip à travers l’Europe. Elle choisit le bus favorisant une introspection lente, propice au recueillement et à la contemplation culturelle et esthétique. Elle s’enivre des paysages du bord de mer et de la beauté des villes-étapes italiennes. Elle convoque les souvenirs et émotions ressenties, les cheminements géographiques, les réminiscences de leur vie à deux. Sa quête est nourrie par la relecture du livre de chevet de son aimé. Au terme de son périple, elle déposera l’ouvrage au « musée des relations rompues » à Zagreb avec l’espoir de se libérer d’une charge affective très forte.

 

Avis :

Dans un récit tiraillé entre nostalgie et espoir Gaëlle Josse nous offre sa vision des vertus de la littérature et de l’art : la contemplation esthétique comme exutoire pour retrouver la quiétude et reprendre le chemin. Avec une plume gracieuse et poétique, elle aborde la question du deuil et des étapes de reconstruction. A contre-courant des tendances actuelles, elle fait l’éloge de la lenteur et des détours étonnants qui jalonnent parfois notre existence et nous aident à retrouver de l’élan.

Florence

 

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Extrait


C’est d’un voyage lent dont j’ai envie, un peu incertain, indécis, avec des détours et des étapes, des hésitations, des repentirs, des visages, des rencontres, ou des possibilités de rencontres. Pas un voyage de touriste, même si je vais faire comme tout le monde en fin de compte, mais je me rêve plutôt voyageuse, avec des moments pour revoir des choses aimées, des moments pour me souvenir, des moments pour découvrir ce qui n’a pu l’être encore, un voyage comme une promesse à notre histoire. Un an maintenant, et je ne m’en sors pas. Danser, créer, répéter, contraindre mon corps à l’exercice, à la rigueur, absorber l’énergie de la troupe et la leur redonner, et les moments d’émotion, la ferveur du public, les confidences inattendues en fin de cours ou dans les vestiaires, tout cela m’a aidée dans le tunnel, mais le tunnel n’en finit pas et j’y suis seule. Les images qui attendent la nuit pour surgir, alors que je les croyais envolées, le grain d’une voix qui n’est plus et dont je n’ai pas osé supprimer les derniers messages sur mon téléphone, tout ce qui me laisse hagarde, vidée, au matin. Pendant les semaines qui ont suivi la disparition de Guillaume, je guettais encore les appels de l’hôpital, ou je m’éveillais en me disant qu’il m’attendait. Quelques secondes après, la réalité reprenait la main. Arrête. Arrête. C’est fini.