Où l’on croise un médecin, un musicien de jazz, huit voix pygmées, un piano et quelques bouteilles de bière.
Dénichées sur internet, les images du célèbre Dr Schweitzer répétant son Bach au piano sur les bords du fleuve Ogooué, au cœur de la nuit gabonaise, au milieu des chats et des insectes, éveillent d’autres souvenirs musicaux. Le disque « Bach to Lambarena » d’Hughes de Courson et Pierre Akendengue qui, mêlant la musique africaine à celle du Cantor de Leipzig, avait connu un certain succès, ne nous avait pourtant guère emballé.
Plus encore, ce sont donc les délicieux jodel de jeunes femmes Bibayak qui nous reviennent en mémoire : un enregistrement extraordinaire, en exposant les voix les unes après les autres (une, puis deux, puis trois, cinq et enfin huit voix), fait entendre comment se tissent et s’entrelacent les différentes parties chantées des complexes polyphonies pygmées. En dehors de ces splendeurs vocales, la musique pygmée recèle d’autres surprises, comme ce hoquet voco-instrumental, où un même musicien alterne sons chantés et sons sifflés dans une petite flûte. Une note fixe pour le sifflet, deux ou trois hauteurs différentes pour la voix : des éléments apparemment simples mais savamment combinés, avec lesquels s’élabore une musique envoûtante.
A défaut de sifflet en tige de papayer, on peut aussi jouer avec des bouteilles de bière (ne me dites pas que vous n’avez jamais essayé). Herbie Hancock et sa bande de Headhunters en tirent la version la plus groove de son « Watermelon man ».