C’est peut-être la faute au réchauffement climatique, allez savoir, mais on a ce thème en tête, un classique : Summertime.
Comme pour la plupart des standards du jazz, la chanson est tirée d’une comédie musicale (Broadway étant l’avatar américain de l’opéra-comique), en l’occurrence le Porgy & Bess des frères Gershwin. Autant dire qu’on a peu écouté ce véritable tube dans sa version "originale" : de Summertime le public a plutôt retenu l’interprétation pleine de swing de Louis Armstrong & Ella Fitzgerald, la trompette feutrée de Miles Davis voguant sur les arrangements de Gil Evans ou encore les plaintes à se déchirer la voix de Janis Joplin. On connaît moins, pour en prendre une parmi des milliers, la version languide des Zombies par exemple... Mais les plus poignantes, à notre humble avis, restent celles de Sidney Bechet et d’Albert Ayler - le vigoureux (et coléreux) néo-orléanais et la fulgurante comète du free-jazz ayant d’ailleurs plus de points communs que l’on en imaginerait au premier abord : même puissance sonore, même vibrato outrageusement large (à la limite du mauvais goût), même manière de bouleverser les habitudes bien établies avec une ardeur et un naturel désarmant… Ce standard est aussi l’occasion de délaisser en Duke Ellington le chef d’orchestre pour mieux découvrir un pianiste plutôt étonnant. Le travail du batteur Sam Woodyard qui l’accompagne sur ce titre appelle à sa suite celui d’un autre percussionniste, le conguero (et grand spécialiste de la chaleur musicale) Ray Barretto. Et pour finir, toujours prêt à tout casser : Vince Taylor !