Hantés par leur passé
La maison des Hollandais – Ann Patchett – Actes Sud – 2021
Danny Conroy vit dans une somptueuse demeure avec son père et sa grande sœur Maeve. Après le départ de sa mère, son père devient distant et il est élevé par sa sœur ainsi que par deux domestiques. Quelques années plus tard, leur vie est chamboulée par la maladie de Maeve et par l’arrivée d’un nouveau membre dans la famille. Alors qu’il n’avait plus jamais invité quiconque chez lui, leur père décide de se remarier. Il épouse en secondes noces Andréa, une femme de vingt ans de moins que lui, qui est obsédée par la magnifique demeure. Ce mariage va provoquer un véritable séisme dans la famille. Rejetés, Danny et Maeve vont renforcer leur relation frère-sœur. Pourtant, malgré les années qui passent, les deux quasi-orphelins vont rester hantés par la maison, passant une soirée par mois à la contempler de l’extérieur et à observer cette femme qui leur a volé leurs vies.
Avis
Après Orange amère, Ann Patchett nous livre avec La maison des Hollandais, une histoire de famille à huit-clos se brisant à cause de l’arrivée d’une personne extérieure. Comment trouver sa place dans une famille recomposée quand une partie de celle-ci vous rejette sans cesse ? Nous suivons Danny, qui tente de trouver sa place jusqu’à ce qu’un drame bouleverse sa vie entière. Ann Patchett nous raconte l’histoire d’un frère et d’une sœur dont le lien ne fait que s’accroître au fil des années pour combler le manque et la perte de leurs parents. Une relation très forte et, par moments, incomprise de certains… C’est aussi l’histoire de la relation entre des enfants et leur maison : leur cocon. Arrachés à leur demeure à l’adolescence, ils ne cesseront de lui rendre visite tous les mois pour se rappeler les souvenirs de leur enfance.
Amélie
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Extrait
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Après sa première apparition à la Maison des Hollandais, Andrea a traîné comme un virus. Dès qu’on était sûrs de l’avoir vue pour la dernière fois, et que son nom n’avait plus été prononcé depuis des mois, voilà qu’elle réapparaissait à la table du dîner, d’abord refroidie par son absence, puis se réchauffant lentement avec le temps. Andrea, au summum de sa chaleur, avait pour unique sujet de conversation la maison. Elle discutait interminablement du moindre détail d’une moulure ou calculait la hauteur exacte des plafonds, comme si nous venions de découvrir leur existence. “Ça s’appelle moulure en ove”, me disait-elle, en levant le doigt pour les désigner. Quand sa présence devenait vraiment insupportable, elle disparaissait à nouveau, et une vague de soulagement déferlait sur Maeve et moi (et, pensait-on, notre père), dans le sillage de son glorieux silence.