La musique offenserait-elle les mœurs plus qu’elle ne les adoucit ?
Lors de ce café musical, nous avons goûté à de petites polyphonies scatologiques entre amis (Purcell et Mozart) ainsi qu'aux allitérations scabreuses de Dranem, avant de réviser notre alphabet avec la comptine très "caca-prout" de Kimya Dawson. Lucille Bogan livre une pépite blues particulièrement obscène mais, de Betty Davis à Cardi B, nous aurons aussi constaté que l'affirmation féministe d'une sexualité libre peut hélas tourner à la provocation gratuite et la complaisance commerciale. Pendant ce temps là, dans la chaleur du dancefloor, Major Lazor fait l'éloge des fesses rondes et des danses impudiques... Prince nous rappelle que c'est à l'un de ses morceaux que l'on doit le fameux logo "Parental advisory / explicit lyrics" qui orne désormais les pochettes de disques - devenu depuis un argument de vente comme un autre. Pour finir, La Canaille nous dépeint la triste misère d'un monde réduisant les corps et les désirs à des marchandises.
Hélas, on ne retrouve sur internet ni la subtile mise en musique des scandaleuses pages du marquis de Sade par Elise Caron et l'ensemble Archimusic, ni la troisième canso de Guillaume d'Aquitaine, premier des troubadours, naviguant entre poésie de la fin'amor et chanson paillarde. A la place, nous vous proposons un irrévérencieux chant de carnaval de la Renaissance italienne faisant l'éloge du ramonage (Vizin vizin), et les frasques d'Higelin attentant à la pudeur...