Halloween chez Larbaud #1

Fil d'ariane

HALLOWEEN2

Octobre, mois d'automne, des jours qui raccourcissent et des fêtes de fantômes… Pour l'occasion, nous avons eu envie de vous faire partager quelques trouvailles issues des étagères de la bibliothèque de Valery Larbaud. Histoires macabres, occultisme et contes gothiques seront au rendez-vous.

 

 

Episode 1 : Maude F. Davies, la sociologue décapitée

Niché dans le coin d’une étagère de la bibliothèque anglaise de Valery Larbaud se trouve un volume à l’apparence anodine et au titre ordinaire : Life in an English Village (La Vie dans un village anglais), publié à Londres en 1909. Mais en cherchant des informations sur son auteure, Maude F. Davies, nous sommes tombées sur une histoire aussi macabre qu’intrigante, un cold case digne des meilleures aventures d’Hercule Poirot.

 

Une sociologue pionnière

Mmapaude Frances Davies est née vers 1875 dans un milieu aisé : son père était propriétaire de Corsley House, le manoir du village de Corsley, dans le Wiltshire, comté du sud-ouest de l’Angleterre. On sait peu de choses sur elle, mais son parcours est brillant : à partir de 1901, elle est étudiante à la toute nouvelle London School of Economics, fondée par un couple de militants socialistes, Sidney et Beatrice Webb, dont elle partage les convictions. Ceux-ci, explique-t-elle dans la préface de son livre, l’ont encouragée à réaliser une étude détaillée de sa paroisse, petite communauté rurale d’agriculteurs et d’artisans.

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Si Maude Davies effectue un travail méthodique d’enquête au long cours auprès des habitants et s’intéresse à des données rarement étudiées, comme les budgets des familles pauvres, elle inclut un certain nombre d’observations désobligeantes sur les villageois, par ailleurs facilement identifiables. Un enfant, par exemple, est décrit comme « un sale petit garnement » ; d’autres ne sont « ni particulièrement propres ni intelligents » ; une famille « gagne beaucoup d’argent en été et le dépense en alcool ».

 

Description des familles pauvres de Corsley

Evidemment, les villageois en question sont loin d’être ravis, et ils tentent, sans succès, d’empêcher la publication du livre. Celui-ci obtient un beau succès auprès des universitaires et sera même réédité au début des années 2000. Il est aujourd’hui considéré comme un classique de l’étude sociologique au Royaume-Uni.

Ce n’est cependant pas sa carrière de sociologue qui rend le destin de Maude Davies exceptionnel, mais plutôt le mystère qui entoure sa mort, quatre ans après la publication de son livre.

 

Un destin macabre

Le 2 février 1913, à deux heures du matin, son corps est découvert dans un tunnel de la station de métro de High Street Kensington, à Londres. Elle était décapitée. L’autopsie révèlera aussi quinze blessures non mortelles, causées par une épingle à chapeau dont un morceau est resté enfoncé dans le cœur de la victime. Sa montre s’était arrêtée à 16h30 – l’heure supposée de sa mort, bien entendu.

High Street Kensington 1892

La conclusion – quelque peu surprenante – du légiste ? Suicide. Elle se serait elle-même poignardée dans la salle d’attente de la station, puis aurait pénétré dans le tunnel où un train l’aurait heurtée. L’enquête s’arrête donc là. Les rares informations dont nous disposons aujourd’hui, pas toujours bien sourcées, indiquent que ni sa famille ni ses amis ne la pensaient suicidaire. Elle revenait d’un voyage à New York où elle aurait peut-être enquêté discrètement sur un trafic d’êtres humains.

Femme engagée, intellectuelle, disposant de ses propres revenus, Maude Davies a-t-elle payé de sa vie son indépendance, en se faisant des ennemis au cours de ses enquêtes ? Nous ne le saurons sans doute jamais.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Sources :