Lors de l’exposition « Il était une fois la Reine des villes d’eaux », les visiteurs avaient pu scruter à la loupe le détail des rues du Vichy de 1865, grâce à la superposition du plan d’Émile Rondepierre et d’une vue satellite actuelle. Ce dispositif est désormais accessible en ligne à l’adresse : http://carte.bibweb.fr/
Il permet d’étudier rue par rue, l’évolution des quartiers et des équipements thermaux mais aussi d’apercevoir la silhouette de bâtiments aujourd’hui disparus ou transformés.
Selon Aurélie Duchézeau (L'histoire de Vichy à travers ses Archives municipales, Bulletin de la SHAVE n°158, 2012), « c'est en 1856 que la municipalité se préoccupe pour la 1ère fois de doter Vichy d'un plan d'alignement et d'embellissement. On fait alors appel à Eugène Delaberthe, agent-voyer chef de l'arrondissement de Lapalisse qui rend sa copie le 4 mars 1856.
Mais le 27 décembre 1861, une délibération du Conseil Municipal nous apprend que le plan Delaberthe est déjà obsolète et qu'il est nécessaire d'en faire confectionner un nouveau : des frais déjà considérables ont été faits pour obtenir un plan d'alignement et n'ont abouti qu'à un résultat insignifiant, puisque le plan déjà exécuté est insuffisant et qu'il doit être complètement retouché pour l'approprier aux développements que la ville reçoit de l'établissement du chemin de fer, de la digue et des boulevards créés par l'Empereur . Un an plus tard, […] on décide néanmoins d'établir un cahier des charges et de lancer une adjudication sur la base d'une mise à prix fixée à 7000 frs. François Trolard, géomètre à Moulins, est choisi et la livraison du plan est fixée au 8 avril 1864. Malheureusement, F. Trolard décède avant d'avoir pu remettre son travail et l'administration municipale doit procéder à une nouvelle adjudication qui n'aboutit qu'en décembre 1864 avec le choix d’Émile Rondepierre, ancien architecte-voyer de la ville de Vienne, qui se propose de réaliser le plan général d'alignement (plans d'ensemble et de détail) pour une somme de 12 000 frs et de le livrer le 1er juillet 1865.
Cependant, É. Rondepierre, peu scrupuleux, demande rapidement une prolongation de délai de livraison de trois mois puis, n'ayant toujours pas remis son travail une fois ce nouveau délai écoulé, il invoque les manquements de la municipalité qui ne lui aurait pas désigné ni le nom des rues ni l'emplacement du nouveau cimetière et que l'acompte qui lui a été versé est insuffisant. Dans le même temps, en juin 1865, il publie néanmoins une partie de son travail en illustrant magnifiquement un plan de Vichy afin de l'offrir à l'Empereur qui ne manquera pas d'en remercier le Conseil Municipal : Monsieur le Maire, (&) sa Majesté a bien voulu accepter le plan de la ville dont vous lui avez offert l'hommage. Elle m'a chargée de vous adresser ses remerciements et de vous prier d'être son interprète auprès de vos honorables collègues du conseil municipal. La Ville ne reçoit le travail demandé à E. Rondepierre qu'en septembre 1866, et le soumet immédiatement, comme cela est l'usage, à l'avis des habitants qui font part de nombreuses réclamations au sujet de la largeur des rues jugée insuffisante (notamment dans le vieux Vichy). Un travail de vérification, moyennant finances, est donc demandé à M. Grand, conducteur des Ponts et Chaussées à Vichy. Le 20 décembre 1866, il ressort du rapport de M. Grand que les plans de nivellement et profils de rues renferment des erreurs fréquentes et assez importantes et que le travail du géomètre n'est pas soigné dans son ensemble et n'est pas complet. Le conseil municipal, qui commence à montrer une certaine impatience, exige donc d’É. Rondepierre qu'il revoie sa copie et ce, dans les plus brefs délais mais à la fin de l'année 1868, il n'a toujours pas rempli ses engagements. Pour sortir de l'impasse, un arrangement est finalement conclu entre les deux parties : le travail de finition et de correction sera confié à l'employé d'É. Rondepierre, le géomètre Raymond.
Raymond, qui se désigne dans le contrat qu'il signe avec la ville comme Raymond-Benoît, géomètre-ingénieur au service de la ville de Lyon, s'engage à livrer les plans le 1er mars 1869. Ils sont remis à la municipalité en avril et finalement approuvés le 9 mai 1869. Cet ensemble de plans se compose de 20 planches : un tableau d'assemblage et 19 planches représentant chacune une partie de la ville. »
Merci à Nicolas Laleure (Urbanisme), Aurélie Duchezeau (Archives communautaires), et Pierre Dobosz (Médiathèque).