Cette année, les élèves de première passant les épreuves du bac français ont eu le bonheur (au moins pour certains d’entre eux !) de plancher sur le poème L’Ancienne gare de Cahors de Valery Larbaud, extrait des Poésies de A.O. Barnabooth (1913).
Voici le poème, dans une version illustrée par le célèbre dessinateur britannique Quentin Blake :
Mais alors, que pouvait-on bien dire sur ce texte, poème de jeunesse de l’écrivain vichyssois ? Voici quelques pistes, tirées d’articles parus dans les Cahiers Valery Larbaud :
Pour Christine Kossaifi, le poème est « une réflexion sur le cosmopolitisme, pensé comme voyage, c’est-à-dire comme ouverture sur l’autre et sensibilité esthétique aux lieux ». Pour Larbaud, « le voyage permet de connaître le reste du monde, il enrichit l’esprit au contact d’autres paysages, d’autres populations ».
Vera Elisabeth Gerling suggère que le poème « transforme un lieu réel et statique en un espace de transition entre le passé et le futur : ce poème crée un lieu de mémoire, un espace ou passé et futur se trouvent juxtaposés au présent ».
Toutes deux notent la personnification de la gare, qui devient « l’interlocutrice silencieuse du poète qui s’adresse à elle avec une tendresse émue ». « Le silence règne, mais les sons restent toujours présents dans les traces rouillées : Les rails / Rouges et rugueux de rouille ». Ainsi, l’ancienne gare de Cahors « frémit de vie, comme un être humain ».
La gare, sujet souvent évoqué en littérature comme symbole de modernité, est transformée chez Larbaud : « le poème, de par son esthétique, la convertit maintenant en lieu de mémoire qui sert la réflexion sur le processus de modernisation ».
Et voilà – mention très bien !...
Sources :
- Promenade de Quentin Blake au pays de la poésie française, Gallimard Jeunesse, 2003.
- Christine Kossaifi, « Le Bateau ivre du cosmopolitisme larbaldien. Sur les rails de L’Ancienne gare de Cahors », in Cahiers Valery Larbaud n°53, 2017.
- Vera Elisabeth Gerling, « Valery Larbaud et Henri Bergson. La gare de Cahors comme lieu de transition », in Cahiers Valery Larbaud n°55, 2019.