Certains artistes n'ont pas attendu la réunion des régions Auvergne et Rhône-Alpes pour franchir la Loire et parcourir les quelques 165 km qui séparent la Capitale des Gaules de la Reine des Villes d'eaux. Une récente acquisition prouve que les paysagistes lyonnais n'ont pas dédaigné l'Allier et ont parfois posé leur chevalet sur ses rives. L'un de leurs chefs de file, Antoine Ponthus-Cinier, bien qu'ayant surtout peint des sites de la région lyonnaise réalisa ainsi,dans la cité thermale, en 1884, un très beau lavis rehaussé de gouache sur papier bistre intitulé L'Allier à Vichy qui fut exposé au Salon de Lyon la même année.
D'après Wikipedia, Antoine Ponthus-Cinier est né à Lyon le 29 août 1812 et décédé dans la même ville le 17 janvier 1885. Inscrit en 1829 à l’École des Beaux-Arts de Lyon où il ne semble pas être entré, il devient par la suite l’élève de Paul Delaroche à Paris et obtient le Second grand prix de Rome pour Adam et Ève chassés du paradis terrestre (conservé au Musée des Beaux-Arts de Lyon), en 1841. Il passe ensuite deux années en Italie et séjourne à Florence, Rome, Gênes et Naples. Ce voyage influencera fortement ses productions artistiques. À son retour, il effectue un long périple en Dauphiné, dans la Dombes, en Provence, dans les Alpes et dans les Pyrénées pour finalement se fixer à Lyon. Il devient membre de la Société des aquafortistes de Paris où ses gravures rencontrent un franc succès. Il expose des paysages historiques et paysages simples à Lyon entre 1837 et 1885, à Paris entre 1841 et 1867, à Rouen en 1869 et à Dijon en 1881. Ces œuvres exposées sont des peintures, des encres de Chine gouachées, des aquarelles et quelques eaux-fortes. Il légua par testament à la ville de Lyon 50 lavis, ses cahiers de raisons en trois volumes, des dessins et une rente de 1 000 francs destinée à la distribution d’un prix qui porte son nom (concours annuel de « Paysage au point de vue décoratif ») décerné par l’École des Beaux-Arts de Lyon. Son atelier fut vendu à Lyon en mars 1885. Les musées de Lyon, Chalon-sur-Saône, Besançon, Brou et Chambéry conservent ses œuvres.
La rivière Allier a très souvent inspiré les artistes venus à Vichy au XIXe siècle et les collections municipales comprennent plusieurs témoignages de cet intérêt : John Claude Nattes (1765-1822), parmi ses nombreux dessins laissa une Vue sur l'Allier à Vichy en 1821. Dans un petit carnet de croquis réalisés à Vichy en 1850, Charles Alexandre Debacq (1804-1853) a lui aussi consacré plusieurs dessins à l'Allier.
Adolphe Vautier (1865-1927) peignit quant à lui un Bord d'Allier à Vichy en 1905 qui a appartenu à Valery Larbaud. En 1927, Maurice Lévis (1860-1940) choisit la passerelle comme sujet central de son Souvenir de Vichy.
Les Vichyssois s'intéressèrent également à ce motif : le professeur de dessin Michel Gelly (1863-1916) s'attacha notamment à la passerelle en 1904 et à la digue en 1908.
Plus tard, l'architecte Alexandre Veyre (1886-1963) tomba lui aussi sous le charme de l'endroit, peignant également à l'aquarelle Quais d'Allier et Bords d'Allier au parc des Bourins vers 1945 mais proposant également une reconstitution (non retenue) de Vichy vers 1750 pour l'ouvrage de Maurice Constantin-Weyer, Vichy et son histoire, en 1947.
Depuis l'attrait de la rivière ne faiblit pas et on pourrait encore citer Robert Mazuel ou Maurice Boucard mais c'est aujourd'hui surtout par les photographies que la rivière s'impose à nous et même si celles-ci peuvent parfois aussi constituer de véritables œuvres d'art, il n'est pas superflu de consacrer quelque attention au regard des peintres...
Fabienne